CAHIGEC- GABON
ATELIERS DE RENFORCEMENT DES CONNAISSANCES EN HISTOIRE-GÉOGRAPHIE, EN FRANÇAIS ET EN PHILOSOPHIE DÉPARTEMENTS DE FRANÇAIS SUJET 1 : ÉTUDE D’UN TEXTE ARGUMENTATIF
GÉNÉRATION TÉLÉPHONE 1
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A peine sortis de l’école, ils continuent à parler, ont du mal à se quitter au coin de la rue. Avant, ils faisaient le trajet ensemble. Maintenant, ils s’appellent. Beaucoup de parents d’adolescents connaissent les mêmes scénarii, éprouvent le même agacement devant ce temps qu’ils ent, enfermés dans leur chambre, « à parler de 5tout et de rien » avec leurs copains. Le portable est pour l’adolescent un moyen d’échapper encore plus à ses parents. Quand il est à la maison et que le téléphone vibre dans sa poche ou sonne dans sa chambre à minuit, on ne sait qui l’appelle. On peut alors tout imaginer (« Qui peut donc l’appeler à cette heurelà ? ») et les parents anxieux imaginent des choses terribles.
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Les parents ont peur aussi que le jeune, à cause du téléphone, ne se concentre plus sur ses devoirs. De toute façon, ils ne peuvent pas l’obliger à se concentrer, l’empêcher d’avoir des rêveries amoureuses. Le téléphone lui permet de s’autonomiser par la pensée, de sortir de la maison. Les parents connaissent les mêmes disputes autour de ces lignes indéfiniment occupées et de ces factures qui explosent à la fin du mois.
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Que les parents se rassurent : qu’un adolescent soit pris de « téléphonite »aiguë est en effet tout à fait « normal ». C’est même… le signe qu’il est devenu un adolescent, si on en croit le psychiatre et psychanalyste Didier LAURU. « Le téléphone fait un peu office de rite de age. Quand votre enfant vous réclame un mobile et surtout l’utilise, prévient-il, c’est qu’il entre dans l’adolescence ! ».
Depuis que cet outil existe, il a rencontré un gros succès auprès des adolescents, en particulier des jeunes filles. Mais, l’époque où les adolescents se contentaient de « squatter » l’appareil familial au milieu du salon, la famille profitant largement de leurs conversations est déée. Avec le développement des mobiles et autres « sans fil », leur permettant de couper le cordon avec leurs parents, le téléphone est devenu un objet personnel, intime. Les opérateurs l’ont 25 compris, et ont « attrapé subtilement le marché » comme le fait remarquer le sociologue Michel CHAUVIERE, « en envahissant l’espace adolescent… qui s’est laissé aisément capter ». 20
Si le téléphone rencontre un tel succès auprès des adolescents, c’est d’abord parce qu’il est à l’image de cet âge intermédiaire où on expérimente l’indépendance, où on veut prendre ses distances par rapport à ses parents tout en restant proches d’eux. Il s’agit d’un outil transitionnel qui permet de 30 prendre une relative indépendance par rapport à ses parents, tout en maintenant un minimum de liens avec eux. Tout comme ils ont besoin de se rencontrer entre eux. « Quand on devient adolescent, explique Didier LAURU, on a envie de parler de soi, on commence à vouloir parler avec d’autres et on a besoin de le faire. On en parle plus facilement par téléphone parce qu’on est à l’abri du regard 35 de l’autre et qu’on peut se dire des choses plus intimes quand le corps n’est pas là. Et cette communication entre adolescents même si elle paraît banale, anodine, est essentielle pour eux ».
Que le contenu de ces conversations échappent pour l’essentiel aux parents est souvent ce qui les dérange. Certains fantasment sur ces conversations interminables, ou à répétition. Plus généralement, ils ont l’impression (souvent justifiée, cette fois-ci) qu’ils se disent entre eux des 40 choses qu’ils ne veulent que leurs parents entendent. « Il est toujours un peu douloureux de sentir que leurs enfants leur échappent », souligne Didier LAURU. Il est important que les parents fixent un cadre et des limites. Car le téléphone ne doit pas couper la communication entre parents et enfants : il peut même l’enrichir. A condition de fixer un minimum de règle : on ne répond pas, par exemple, au téléphone quand on discute ensemble ou pendant le repas. Les parents peuvent eux45 mêmes s’en servir pour parler davantage avec leurs enfants. Mais, ils doivent leur laisser leur espace intime, leur jardin secret, et quand ils téléphonent dans la pénombre de leur chambre, se retirer publiquement, sur la pointe des pieds.
Christine LEGRAND, « La Croix », 18 décembre 2002.
Questions (10 points) 1. Reformulez en une phrase la thèse de l’auteur. 2. Précisez la valeur du pronom « on » aux lignes 6 à 8 et 29 à 31. 3. Expliquez l’expression : « le téléphone fait un peu office de rite de age. » 4.
Retrouvez deux procédés différents indiquant que l’argumentation vise à convaincre.
Travail d’écriture (10 points)
Étayez l’idée selon laquelle : « Le portable est pour l’adolescent un moyen d’échapper encore un peu plus à ses parents. »